Je savais bien que découvrir, petit à petit, les effets secondaires de ma première chimiothérapie anticancéreuse allait encore être une de ces enquêtes prometteuses. Comme à chaque fois, espérant qu'ils n'arrivent qu'un à la fois, et si possible progressivement, «M'dame s'iou plait !». C'est surtout afin de pouvoir tester, réagir et surtout demander de l'aide, si nécessaire … et à temps … bien sûr !
Bref, j'ai quand même cultivé un petit défaut à force, après 13 ans de trithérapies, cinq hospitalisations et une bonne vingtaine d'arrivées aux urgences de l'hôpital Saint Antoine, ambiance «total catastrophe / plan hors-sec en vrac / tête à l'ouest», le tout façon Acte II de «Super chochotte» … qui couine déjà, à peine on lui respire trop prêt !
Oui j'avoue que j'ai quand même une légère tendance à focaliser uniquement sur le présent immédiat … sur l'épreuve en cours … (qui fera de moi une star, et pas toi NA !) … un petit peu façon «tête dans le guidon» et les neurones «collés au pare brise», voyez-vous ? Donc j'oublie le reste, et même jusqu'à l'indispensable, le nécessaire et si gracieux «petit pas de côté», celui-là même qui nous permet tous et toutes ce fameux «lâcher prise», afin de pouvoir examiner le présent avec un peu de recul et un zeste d'autocritique d'inspiration expérientielle ... hein chéri ?
Mais bon à force … remarques … tu sais, ils commencent à très bien me connaître aux Urgences de Saint Antoine, j'avoue. Ils ont presque fait le tour du personnage et de son répertoire vaudevillesque, façon «San Antonio chez les Zacktivistes du Marais» ; l'oiseau rare avec ses scénarios improbables et complexement passionnant, que les Américains nous jalousent encore, d'ailleurs. Bon allez, puisque le Père-Noyëlle est en vacances comme tout le monde, sur la plage polaire à sucer les ours ; alors je vous en lâche juste une petite en passant et parce que vous avez été bien sages ces derniers temps :
Il y a six ou sept ans environ, un pote me passe LE pétard … que j'attends depuis un moment vu qu'il s'alourdit gravement sur l'objet si convoité. Et voilà t'il pas qu'enfin je peux savourer des douces vapeurs enivrantes, ces délices de fumeroles aux exhalaisons à l'Orient de nos bacchanales, ce nectar de …
«Putaiiiiin de meeeeerde … Ouaaaaaargl …». Et v'là-t-il pas que je commence direct à cracher mes poumons ! «Au secours … mais c'est quoi ça ? Et va-z-y d'où elle sort cette daube ?»
Bref je me calme, juste le temps de sentir monter un de ces délicieux petits mals de crâne qui s'annonce puissance 8 sur l'échelle d'«Alka-Seltzer®». Ca n'a pas loupé, puissance neuf à l'arrivée ! Et va-z-y que ça cogne et que ça palpite, façon pipeline koweitien avant la guerre … euh non … pendant la guerre, finalement ! Après un quart d'heure de ce menu de blaireau ado qui a testé la banane séchée à fumer enroulé dans du PQ, je décide donc d'agir et de faire face à cet imprévu qui risque bien de me pourrir le moral, voire pire, si je ne bouge pas rapidos.
Et me voilà donc une fois de plus, aux urgences suce-nommée, chouchouté par un gaillard style marin de Brest (comment il s'appelle déjà ?). Il comprend bien le scénario et me parle de Tchernobyl … Mais pourtant c'est pas d'irradiation qu'il s'agit mais de cannabis, il n'a donc rien compris … ça sent la querelle ! … Pfff … et hop une nuit sur un brancard dans le couloir, avec du Dafalgan en intraveineuse sous perfusion ! Allez vous m'jurez qu'vous ne la répéterez pas celle-là hein ? Sinon ma réputation d'activiste spécialisé en «dope-over-the-pharmaco-power» va se prendre un joli plongeon dans la bourse !
Bon c'est pas le tout mais revenons donc à nos moutons … D'ailleurs, j'en vois là, par terre sous le lit, d'ailleurs, dans cette chambre d'hôpital ensoleillée, en service de cardiologie ! … Euh qu'est ce que je fais-là au fait ?
Mais oui … Bien sûr … Comme si un jour, mes chers deux petits paquets de cigarettes quotidiens pouvaient devenir subitement des ennemis ? … Pffff … Allons donc, ça ce saurait d'abord … non ? … Et puis quoi encore ?
Et oui, je sais bien depuis longtemps, qu'à force de vouloir jouer «l'intégriste-fumeur-pollueur-non-payeur» qui continue à défier la loi et le respect, dans le métro et sans même parler du bureau ; et à oser carrément braver la médecine, je devrais donc bel et bien payer «direct-cash» une addition sans sels et en plein cœur. C'est fait !
Je suis donc parti comme prévu le vendredi 16 juillet, pour Vienne en Autriche, pour la conférence mondiale sur le sida, pour une semaine. Et oui, j'ai loupé la dernière il y a deux ans à Mexico because trop chaud pour un zouave sous interféron, donc celle-ci en zone tempérée, je me la fait même sous chimio tiens pardi ! Euh … ne délirons pas quand même, j'y suis allé parce que ma chère Myriam «Infectio-Queen», était aussi à cette conférence ! Ben oui j'aime le sport, mais bon il faut des rails … de sécurité … parfois … non ?
En effet, en guise de rails, elle s'est royalement occupé de moi. A peine arrivé, on a commencé par vérifier que Vienne est dans un climat continental et non pas tempéré comme je pensais bêtement.
Résultat : une arrivée pour deux jours de coma de chaleur moite et humide, voire collante, façon Douala au Cameroun. Puis le lundi, ouf, il fait beau et bon heureusement. Tu parles, à peine tu pointe un millimètre carré de peau au soleil, que ce crétin énergétique trouves pertinent de rendre un vivant hommage aux crématoriums, en te brûlant sur place … donc tu bouge en couinant (voir descriptif & mode d'emploi ci-dessus).
Dès que j'ai mis mon premier pied … le gauche of course … au pays de Sissi, cette ultime «Drag-Queen-Ass», j'ai senti par moments, de fortes sensations de pression interne dans le haut du thorax, comme si des veines étaient sous haute pression ! Mais justement, Alexandre le bien heureux, mon oncologue, m'avait prévenu largement des risques d'hypertension artérielle à gérer impérativement avec Myriam et donc grâce à son ordonnance, je suis venu avec un tensiomètre automatisé, façon dernier cri numérique, tip top d'enfer !
Mouais … ça fait bien raconté comme ça, mais en réalité, j'en ai grave chié bordel. Plié en deux par terre, dans le couloir de la conférence, à demander en anglais si quelqu'un pouvait m'amener de l'eau en urgence, tout en sentant le palpitant s'emballer trankilou, et la chaleur suffocante excitant la température interne à la jouer tropicale, sans parler du ridicule de la situation avec un tee shirt d'Act Up : «Silence = Mort». SI je n'avais pas pu parler … Bref !
Et c'est le mercredi que «super-Myriam», dans sa petite robe blanche à volants, m'a consacré trois heure pour gérer le handicap façon béton. On a finit aux urgences médicales de la conférence, qui étaient archi-nulle cette année, un pur scandale ça aussi. Bref quand elle m'a quitté j'étais briffé sur quoi faire quand et à quelle dose etc. Et même les médecins urgentistes privés autrichien sarkozistes débiles étaient briffé sur mon cas, t'as qu'à voir ! Donc j'ai pu finir la conférence en gérant tant bien que mal mes crises passagères d'hypertension qui ne durait jamais plus d'un quart d'heure, une demie heure maxi.
Mais une fois rentré, je peux enfin installer mes bouquins favoris dans MA bibliothèque que mon oncle a fini de peaufiner pendant que j'étais à Vienne. Quel plaisir sérieux ! Un régal donc motivé à donf, j'hésite et hop les dictionnaires par trois en haut et les atlas par quatre au milieu … Je suis tellement content d'être rentré et de pouvoir enfin installer ces bouquins d'enfer que je ne me voie pas forcer comme un âne bâté.
C'est le dimanche soir, qu'en me couchant, je n'arrive pas à trouver le sommeil. Donc j'allume et je me relève pour … trop tard, je sent une nouvelle crise monter … Seulement celle-là, c'est la … woooops …
Au bout d'une heure et demie de pression ininterrompue, je me décide enfin à appeler le SAMU car ça déconne sérieux-là. En arrivant aux urgences, le cardiologue m'annonce et me confirme qu'il s'agit d'un infarctus.
Si j'écris aujourd'hui ce post c'est que tout va mieux même si je ne sors que dimanche de l'hôpital Saint Antoine.
Je vous raconte la suite tout bientôt, c'est promis !
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1 commentaire:
et merde ..alors c'est comment sans les clopes l'oxygène ??prend garde a toi !!
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